Bob Rafelson n’a réalisé que dix films en un demi-siècle, mais avec sa disparition le 23 juillet chez lui à Aspen (Colorado) à l’âge de 89 ans, au terme d’un cancer des poumons, c’est un des derniers aventuriers du cinéma qui s’en va. Une de ses dernières têtes brûlées aussi : il était presque aussi célèbre pour ses conflits avec les producteurs et figures d’autorité que pour ses films, dont beaucoup avaient pour thème la rébellion. Cette réputation, ainsi qu’une exigence personnelle sur la qualité des films qu’il voulait faire, explique pourquoi il a passé plus de temps à l’écart du métier qu’à tourner. Ses films s’espaçaient de plus en plus : deux ans et demi entre son premier gros succès Cinq Pièces faciles et le plus difficile The King of Marvin Garden ; six ans entre sa version du Facteur sonne toujours deux fois et la Veuve noire.
Entre les tournages, il voyageait, souvent dans des contrées éloignées et dangereuses – une curiosité qui rappelle celle d’un autre cinéaste aventurier, Barbet Schroeder, à cette exception près : Rafelson n’a tourné qu’une fois de sa vie à l’étranger, sur un thème étranger. Il prétendait avoir fait des études d’anthropologie (philo, en fait), mais ses rencontres de voyage rejoignaient son obsession de cinéaste : observer, et montrer du mieux possible la conduite humaine. Son thème principal se