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Interview

Boris Charmatz et Fanny de Chaillé au Festival d’Avignon : «On désacralise l’histoire pour qu’elle devienne nôtre»

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Avec «Avignon, une école» et «Forever», les deux artistes mettent en scène la mémoire du Festival. En faisant la part belle à l’expérimentation, ils interrogent l’évolution des corps et la frontière entre la répétition et le spectacle terminé.
Fanny de Chaillé, metteuse en scène, et Boris Charmatz, chorégraphe, à Paris, le 16 juin. (Audoin Desforges/Libération)
par Anne Diatkine et photo Audoin Desforges
publié le 29 juin 2024 à 10h48

L’une réinterprète avec des étudiantes et étudiants de la Manufacture à Lausanne des moments marquants de l’histoire du Festival d’Avignon. L’autre nous convie à la répétition de Café Müller, pièce mythique et adorée de Pina Bausch dont il a pris la direction du théâtre, le fameux Tanztheater à Wuppertal, en Allemagne. Avec Avignon, une école et Forever (immersion dans Café Müller de Pina Bausch), Fanny de Chaillé et Boris Charmatz, artistes complices de cette édition, même âge, ouvrent chacun à leur manière une malle aux trésors auxquels ils redonnent vie et qu’ils nous distribuent. Comment fabrique-t-on une histoire à travers des spectacles que, par définition, on n’a pas (forcément) vus ? Avec quels oublis et outils, une mémoire artistique se partage-t-elle ? Fanny de Chaillé s’était déjà emparée de ces questions avec sa merveilleuse Une autre histoire du théâtre qui n’a pas fini de tourner. Boris Charmatz, inventeur du paradoxal musée de la danse à Rennes, ne cesse depuis ses débuts de s’interroger sur l’actualisation de la mémoire du corps et des répertoires, leurs transmissions et transformations. Rencontre et dialogue à Paris, avant les législatives et une édition avignonnaise politique sinon rien.

Le corps est-il une archive vivante ?

Boris Charmatz : A mes débuts, j’aimais l’idée que le corps puisse être l’objet de recherc