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Du pareil au même

Dans le budget 2025, la culture reste sur sa ligne de flottaison

Selon le projet de loi de finances présenté ce jeudi 10 octobre, Rachida Dati reconduit un budget de 3,71 milliards selon les chiffres donnés par Bercy, à l’identique de celui conquis par sa prédécesseuse Rima Abdul Malak, sans montrer de réelle ambition et sans imprimer ses priorités.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, le 23 septembre 2024 à l'Elysée. (Albert Facelly/Libération)
publié le 10 octobre 2024 à 20h05

Pour la culture, le budget 2025 s’annonce comme un copié-collé du précédent. Même budget, avec un montant de 3,71 milliards équivalent à celui négocié en 2024 par Rima Abdul Malak – mais sans le coup de rabot de 204,3 millions imposés par Bercy à Rachida Dati à son arrivée rue de Valois en janvier. Et même feuille de route, au mot près, qui fait du patrimoine et de l’accès à la culture pour tous, deux marronniers bien enracinés au ministère de la Culture, les principaux caps. Rachida Dati, rare rescapée du gouvernement Attal, n’aura donc fait ni moins bien ni mieux, conservant son budget sans chercher à le sculpter d’une quelconque manière pour imprimer sa marque. Si elle réussit le tour de force, purement symbolique, de maintenir son ministère au sixième rang, rien dans la formulation des missions prioritaires ou des lignes budgétaires n’indique une forme de réorientation. Zéro mention du «plan ruralité» sur lequel elle s’était pourtant jetée dès son arrivée rue de Valois, out les bibliobus et autres Maisons de la culture dont elle vantait les mérites, rien non plus dans le storytelling pour la banlieue, elle qui avait laissé penser qu’elle serait la deuxième jambe sur laquelle s’appuyer, avec de l’autre côté la reprise en main des zones blanches en milieu rural et le recours aux collectivités territoriales, pour lutter contre la montée de l’extrême droite.

Constance du budget alloué à l’audiovisuel public

Dans ce budget qui se maintient sans réelle ambition (et sans prendre en compte les 2 % d’inflation), le découpage ne surprendra pas non plus. Il se divise en trois grands blocs : un tiers pour le patrimoine (32 %), un tiers pour le spectacle vivant (28 %), et 18 % pour les effectifs du ministère (avec ses 9 159 fonctionnaires et ses 16 872 agents détachés – avec là aussi un maintien parfait du contingent). Le reste se divise entre 10 % pour le Pass culture, budget là encore inchangé par rapport à 2024 malgré les nombreuses critiques émises contre ce dispositif qui ne porte pas vraiment ses fruits. Et 7 %, contre 8 %, l’an dernier pour l’enseignement supérieur culturel alors que la ministre Rachida Dati avait essuyé la colère des représentants des écoles d’art et d’architecture dont la précarité n’a cessé de s’accroître après ses propos pour le moins maladroits laissant penser que la loi de la jungle prévalant, seules les plus performantes d’entre ces écoles survivraient. Dati annonce 3 millions pour les écoles territoriales. Une bien maigre surenchère après le fonds d’urgence de 2 millions d’euros débloqué par Abdul Malak qui avait déjà fait bondir le réseau.

Du côté du patrimoine, alors qu’à un temps couru la rumeur que le ministère serait rebaptisé «ministère de la Culture et du Patrimoine» (sans doute pour donner du grain à moudre au Rassemblement national dont c’est l’unique vision de la culture), le PLF précise que le budget engagé de 1,18 milliard couvrira le lancement du chantier de rénovation du centre Pompidou (malgré la sonnette d’alarme tirée par la Cour des comptes au printemps), l’extension des Archives nationales, la consolidation de la tour Saint-Nicolas à La Rochelle ou la restauration de l’abbaye de Clairvaux dans l’Aube.

Reste à signaler une autre constante de taille, celle du crédit budgétaire alloué à l’audiovisuel public dont le ministère de la Culture a également la charge (avec 4 milliards, dont 63 % pour France Télévisions et 16 % pour Radio France). Suspendu après la dissolution de l’Assemblée, le projet monstre de réforme de l’audiovisuel pourrait bien être dans les mois à venir le grand casse-tête auquel Rachida Dati, la funambule, ne pourra pas couper.