Chaque jour, pris à la gorge par l’indignation et une irrépressible envie de rappeler à la population qu’ils existent, des hommes et des femmes se rendent sur les réseaux sociaux, rédigent un message, le reformulent, une fois, deux fois, trois fois, avant de se demander pourquoi ils le rédigent vu qu’ils ne sont plus tellement indignés à ce stade, après quoi ils l’effacent et passent à autre chose.
Chaque jour, des hommes et des femmes se délestent ainsi d’agacements sans importance qui ont failli leur faire perdre un temps précieux, voire leur pourrir intégralement la journée, et personne, nulle part, n’en a été témoin.
Chaque jour, sur les réseaux sociaux et ailleurs, des hommes et des femmes, alertés par le courroux de conservateurs américains et de médias enivrés de généralités s’écharpant par exemple autour de l’hypothèse que Blanche-Neige, le dessin animé de Disney, puisse être censuré à cause d’un baiser non consenti promouvant la culture du viol, se lèvent, protestent, hurlent, puis se rasseyent, vérifient l’information, réalisent qu’il ne s’agit en fait que d’une anecdotique remarque dans un article sur un parc d’attractions dans un journal circonscrit au nord de la Californie, et s’épargnent un tweet, post ou story qui leur aurait donné l’air d’animaux poussés à bout par l’angoisse.
La précision ? La nuance ? Jamais de la vie
Chaque jour, sur les réseaux sociaux et ailleur