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Roumanie

«Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé», dans l’autoritaire du temps

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A travers une mosaïque de récits faussement triviaux, la tragi-comédie de Bogdan Muresanu suit les longs derniers jours de la dictature roumaine.
La galerie bigarrée assemblée par Bogdan Muresanu gravite invariablement autour de la menace du régime, insinuée par tous les pores d’une société roumaine habituée à la surveillance permanente. (Memento)
publié le 29 avril 2025 à 18h25

Imaginez Short Cuts de Robert Altman dans la Roumanie de 1989 : plusieurs personnages, lointainement connectés les uns aux autres, traversent en parallèle les derniers jours de la dictature de Nicolae Ceausescu. Un réalisateur de la télévision nationale doit reshooter en urgence l’émission patriote du nouvel an, un jeune homme timide tente de s’évader du pays, une actrice rechigne à participer à un programme de propagande… La galerie bigarrée assemblée par Bogdan Muresanu gravite invariablement autour de la menace du régime, insinuée par tous les pores d’une société roumaine habituée à la surveillance permanente.

Entre rire et inquiétude

Comme pour prolonger les regards inquisiteurs de la Securitate, Ce nouvel an qui n’est jamais arrivé suit ses nombreux protagonistes à coups de caméra épaule et de zooms rapides. Muresanu y gagne une certaine plasticité, et peut alors attraper au vol autant l’émotion fugace sur le visage d’une vieille partisane, expulsée de sa maison, que plusieurs mines déconfites qui assurent, à la The Office, la part humoristique du film. La dictature est, après tout, une vraie tragi-comédie, régie par des