Les œuvres des frères Gao représentant Mao Zedong ont beau dater d’il y a presque quinze ans, cela n’a pas empêché les autorités chinoises d’arrêter cette semaine l’aîné du duo, Gao Zhen, pour crime d’«atteinte à la réputation et à l’honneur des héros et martyrs». Alors qu’il était en Chine avec sa femme et son enfant pour rendre visite à sa famille, l’artiste de 68 ans a été menotté et embarqué mardi 26 août après une perquisition par une «trentaine d’agents», selon son frère cadet Gao Qiang, dans son studio de Yanjiao, une ville située à quarante minutes de Pékin. Le motif précis de la détention n’a pas été notifié, mais les policiers ont pris en photo et saisi certaines des anciennes œuvres du duo, en particulier celles «représentant Mao», note Gao Qiang, joint par courriel, qui se dit «épuisé» et «déprimé au point d’en perdre l’usage de la parole». La nouvelle, rendue publique par Gao Qiang sur les réseaux ce samedi, a entraîné la mobilisation de ses proches et de la communauté d’artistes chinois en exil.
Tête détachable
Gao Zhen est l’aîné des frères Gao, figures de proue de l’art contemporain chinois engagé des années 90 et 2000. Plasticiens, écrivains, photographes et performeurs, les deux artistes n’ont jamais mâché leurs critiques à l’encontre des dérives du régime, avec une attention toute particulière pour la figure de Mao. Une «obsession», selon Florent Villard (auteur d’un ouvrage sur les deux frères paru en