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Christopher Nolan prend la tête de la Directors Guild of America, puissant syndicat des réalisateurs américains

L’auteur d’«Inception» et «Oppenheimer», connu pour sa défense du cinéma en salles, a été élu samedi 20 septembre président de la DGA afin de défendre les intérêts d’une corporation confrontée à des mutations accélérées.

Le cinéaste Christopher Nolan, le 10 février 2024, à Los Angeles. (Frazer Harrison/Getty Images. AFP)
Publié le 21/09/2025 à 13h01

Christopher Nolan a été élu samedi 20 septembre président du plus puissant syndicat de réalisateurs aux Etats-Unis, la Directors Guild of America (DGA) composée de quelque 19 500 membres (des réalisateurs mais aussi des directeurs de production et des régisseurs). L’auteur d’Inception et Oppenheimer était le seul candidat à se présenter pour prendre la suite de Lesli Linka Glatter qui occupait cette charge depuis septembre 2021, ayant notamment traversé la rude épreuve des grèves des scénaristes et des acteurs sur fond d’âpres négociations à Hollywood en 2023. Dans un communiqué, Nolan a qualifié à son élection à ce poste d’un «des plus grands honneurs» de sa carrière : «Notre industrie connaît actuellement des changements considérables, et je remercie les membres de la Guilde de m’avoir confié cette responsabilité. Je tiens également à remercier la présidente Glatter pour son leadership au cours des quatre dernières années. Je me réjouis de collaborer avec elle et le nouveau conseil d’administration afin d’obtenir d’importantes protections créatives et économiques pour nos membres.» Nolan a rejoint la DGA en 2001 et il mène depuis une dizaine d’années diverses luttes, notamment au sein d’un comité sur les nouveaux usages de l’intelligence artificielle.

Profil hors norme

Si la Guild a connu une longue période avec à sa tête des cinéastes prestigieux tels que Frank Capra, Joseph Mankiewicz ou Robert Aldrich, depuis les années 90, il a vu se succéder des figures moins notoires telles que Martha Coolidge ou Thomas Schlamme. En propulsant Nolan à sa tête, la Guild s’offre un profil hors norme, un des réalisateurs les plus puissants de l’industrie actuelle ayant déjà fait plusieurs coups d’éclat dont celui de rompre pendant l’épidémie de Covid ses liens avec le studio Warner, qui avait décidé de sortir simultanément ses plus grosses productions en salleS et sur le site HBO Max, virage stratégique qu’il jugeait suicidaire et à contre-sens de son désir esthétique d’une expérience XXL de la démesure et de l’immersion dans la continuité de ses maîtres (de David Lean à Stanley Kubrick). Les craintes d’une crise de long terme plane sur Hollywood avec un infléchissement des niveaux de production aussi bien pour le cinéma que pour la télévision et une fréquentation des salles qui n’a jamais recouvré les couleurs florissantes de l’avant Covid. Le modèle des franchises vacille lui aussi sans que les alternatives crédibles ne semblent se profiler à l’horizon. La fébrilité autour d’une offre possible de rachat de Warner Bros Discovery par Paramount Skydance, créant à partir de la fusion de deux monstres une entité encore plus vaste, est un nouvel épisode de recomposition d’un paysage qui tend à se concentrer toujours plus.

Preuve de son statut de cinéaste-producteur ayant réussi à hisser le biopic de l’inventeur de la bombe atomique à quasi un milliard de recettes, et preuve s’il était besoin d’un tempérament assez peu timoré, Nolan a enchaîné avec le tournage de The Odyssey d’après un certain Homère. Film entièrement tourné en pellicule et en IMAX qui doit sortir en juillet 2026.