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Disparition

Cinéma : Michael Snow dans le vide

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Le cinéaste expérimental canadien, qui aura influencé nombre d’artistes parmi lesquels la grande Chantal Akerman, artiste protéiforme de génie, et musicien superbement inventif est décédé jeudi 5 janvier, à l’âge de 94 ans.
Michael Snow lors d'une exposition rétrospective à la Galerie d'art de l'Ontario, en 1970. (Bob Olsen/Toronto Star via Getty Images)
publié le 6 janvier 2023 à 18h54

La citation a été maintes fois resservie mais elle résume bien les effets coulissants de l’entreprise Michael Snow, autant que la volonté de ce dernier, artiste protéiforme et jusqu’au-boutiste, d’épuiser les médiums qu’il a expérimentés : «Mes peintures sont faites par un cinéaste, mes sculptures par un musicien, mes films par un peintre, ma musique par un cinéaste, mes peintures par un sculpteur, mes sculptures par un cinéaste, mes films par un musicien, ma musique par un sculpteur… qui parfois travaillent tous ensemble. En outre, mes peintures ont été en grand nombre faites par un peintre, mes sculptures par un sculpteur, mes films par un cinéaste et ma musique par un musicien. Il y a une tendance vers la pureté dans chacun de ces médiums en tant qu’entreprises séparées» affirmait, en 1967, l’artiste canadien Michael Snow. Au terme d’une riche et décisive carrière de près de soixante-dix ans, il s’est éteint, jeudi 5 janvier, à l’âge de 94 ans.

«Un paysage peint, peint par la caméra»

Entre-temps, le réalisateur, photographe et musicien aura essaimé son goût sans borne pour l’expérimentation et ses obsessions pour les cadres en tous genres, le recto verso, les effets de condensation et d’étirement, qui le placent dans le camp des formalistes dont l’influence sera considérable sur beaucoup d’artistes réalisateurs ou de cinéastes-plasticiens. De Chantal Akerman qui, comme lui, filme l’expérience de la