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Libération
Critique

«13 jours, 13 nuits» de Martin Bourboulon : Kaboul au ventre

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Le film, adapté du récit du commandant Mohamed Bida pendant la prise de Kaboul en 2021, échoue à faire exister ses protagonistes.
Lyna Khoudri et Roschdy Zem dans «13 jours, 13 nuits». (Jérôme Prébois/Pathé)
publié le 24 juin 2025 à 19h21

Il suffit d’un plan sur un regard de Mo (Roschdy Zem), filmé avec suspension, et concentration, pour que 13 jours, 13 nuits nous révèle ce qu’il a dans le fond de l’œil. Vers la fin, le consul en chemin vers l’avion-cargo qui doit le délivrer d’un Kaboul retombé aux mains des talibans, se retourne vers un amoncellement de cercueils enveloppés du drapeau américain. Dans l’un d’eux, le corps d’une jeune soldate tuée par l’explosion d’un kamikaze de Daech, croisée plus tôt alors qu’elle s’occupait d’un nourrisson. Mise en scène ouvragée pour suggérer les émotions qui s’entrechoquent dans l’esprit de Mo et qui renvoie à celle, imperceptible, de l’altercation qui conclut sa dernière sortie en ville avant que l’ambassade de France ne soit cernée, quand Mo va secourir un allié caché dans un restaurant qui, quelques semaines plus tôt, était un repaire d’expatriés. Caché derrière sa voiture, Mo assiste impuissant à la fusillade du propriétaire du restaurant qui vient de le saluer comme un ami. Dans l’urgence, sans doute, Mo décampe – sans un regard pour la victime, un Afghan.

Aux limites de l’exercice de style

Mais on remarque surtout que le film décampe lui aussi sans un regard pour l’absence de regard de Mo. 13 jours, 13 nuits, récit à suspense et à gros budg