A une époque de grandes machines théoriques, voire théologiques – la Zone d’intérêt de Jonathan Glazer, la Bête de Bertrand Bonello, bientôt l’Empire de Bruno Dumont – films discourant sur la distinction entre le bien et le mal dans l’histoire, d’autres cinémas continuent d’exister, creusant le sillon plus mineur du multiple, de l’affect et de la nuance. Dès son titre non pas exclusif mais inclusif, qui dévie du bon vieil article défini, 20 000 Espèces d’abeilles d’Estibaliz Urresola Solaguren, est une foule vivante de possibilités. Sur ce fond bourdonnant, nombreux, c’est le récit d’un passage, d’une épreuve du corps et du langage. A l’intersection du corps et du langage, il y a le nom, et ce film raconte l’histoire d’un personnage, une enfant, qui trouve son nom – elle mettra le temps du film, aidée ou empêchée par d’autres, les enfants et les adultes autour d’elle, à se nommer, rencontrer son prénom, pour commencer à vivre, dans le sens de moins souffrir.
Statue volée
Cette enfant de 6 ans, jouée par Sofía Otero (qui pour ce rôle reçut à 9 ans l’ours d’argent de la meilleure interprétation – prix non genré – à la Berlinale en 2023), que ses parents o