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A Buenos Aires, le cinéaste Rodrigo Moreno défend «le libre-arbitre comme solution à l’oppression»

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Curieux et révolté, le cinéaste à tendance marxiste a développé une approche documentariste de la fiction, notamment via ses méthodes de casting.
Rodrigo Moreno chez lui, le 14 février, à Buenos Aires (Argentine). (Anita Pouchard Serra/Libération)
publié le 27 mars 2024 à 6h08

Dans l’allée de son immeuble de Villa Crespo, quartier central de Buenos Aires, où il pose pour notre photographe, Rodrigo Moreno semble comme réchappé d’un film de Jim Jarmusch. Tignasse explosive tendance Eraserhead, grosses lunettes façon Elvis Costello et baskets rouges, le réalisateur de Los Delincuentes s’apprête à s’envoler en direction de l’Europe pour une rétrospective à Madrid et accompagner les sorties anglaise et française de son film. Ça tombe bien, le quatrième long métrage en solitaire du cinéaste argentin lorgne du côté des premiers films du réalisateur de Down by Law. «J’ai mis du temps à écrire le scénario et ce long processus a infusé le film. En plus, la pandémie a changé notre rapport au monde. Notre relation au travail a empiré, comme les inégalités. C’est le triomphe du capital. Mes personnages tentent de se réapproprier leur existence, dont ils sont dépossédés par les contraintes du salariat.»

Révélé avec El Custodio (2006), Moreno s’est vu à l’origine proposer un remake d’Apenas un Delincuente de Hugo Fregonese, un classique du film noir argentin de 1949. Au lieu de quoi, il s’est placé à rebours de l’original : «Contrairement au personnage initial pour qui la liberté impliquait d’être millionnaire, Morán [le nom commun du personnage principal des