Un portrait c’est un choix. Puis un rendez-vous. Vite changé, annulé, déplacé par une des deux parties, si possible au tout dernier moment. Quinze minutes pour l’entretien, moins pour le shooting photo, voire nettement moins – parfois deux ou trois minutes seulement. Durant lesquelles notre photographe Boby fait pourtant des miracles. Un bob, une barbe, un maillot de l’OM : Boby c’est une tornade tranquille qui débarque sans un bruit, avec huit sacs, un poulet grillé, un pneu et deux invitations pour la soirée la plus inaccessible du festival, trouvées en chemin. Mais une fois installé, systématiquement, la magie opère. Quand c’est terminé, il faut faire le tri, retoucher, recadrer. Pour le texte, vous avez un peu moins de trois heures pour rendre vos copies, que vous irez rédiger à l’autre bout de la Croisette – à moins de vouloir le faire sur une des plages du festival, cerné par des enceintes crachant une techno au mètre assourdissante, avec le va-et-vient incessant des hélicoptères au-dessus de vous.
La tête dans un pot de fleurs
Et pendant ce temps, les films continuent à dégueuler du robinet cannois, les textos à s’empiler, les appels à sonner dans le vide et Boby à arpenter la ville pour faire des images d’ambiance. Il y a un vague moment où on dort. Et on remet ça le lendemain. On remet toujours ça le lendemain et on