L’histoire du cinéma se souviendra qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un pays en ruines, l’Italie, se relevant à peine de l’infamie fasciste, allait devenir l’épicentre de la modernité et durant trois décennies le berceau d’un art d’une inventivité et d’une richesse hallucinantes. Des maîtres du néoréalisme de l’immédiat après-guerre (Roberto Rossellini en tête), à la réinvention dans les années 60 et 70 d’un cinéma de genre d’une vigueur inégalée (western, giallo, poliziottesco), sans oublier les maestros de la comédie à l’italienne (Dino Risi, Mario Monicelli) et les génies inclassables (Federico Fellini, Michelangelo Antonioni, Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti, etc.) n’entrant dans aucune case ou les sublimant toutes… Oui, à n’en pas douter, le cinéma italien de ces années-là était le plus grand du monde. Mais la mémoire, comme souvent, est sélective, et certains noms n’occupent pas la place qu’ils méritent. Celui de Pietro Germi (1914-1974), sans être complètement relégué aux oubliettes, peine encore à être clairement identifié.
Sans doute l’homme comme l’œuvre étaient-ils trop insaisissables, une rudesse empreinte d’humanisme bourru et de misanthropie – «Germi n’avait que deux moyens de communiquer, la colère et le cinéma», résumait le critique it