Nous avons eu la réponse à cette question qui planait dans l’air brûlant de la Mostra : pourquoi le Joker 2 de Todd Phillips, clairement l’atout people et industriel de cette édition, a-t-il été relégué en fin de festival ? Vraisemblablement car le tsunami de fans qui va s’abattre sur les rives du Lido pour célébrer Lady Gaga aurait pu sinon dépasser le protocole et la sécurité. C’est donc sans ce personnage iconoclaste, repoussoir et aimant de l’époque, qu’on s’interroge, au fur et à mesure des jours de projections : quelle vision du personnage de cinéma défendent les films de la compétition ?
S’accrochant souvent opportunément à une figure héroïque – grand personnage = grand rôle, les candidats aux prix d’interprétation sont donc légion –, ils favorisent des récits d’élévation qui déroulent le tapis rouge à l’individu d’exception. La confusion est entretenue entre la mise en scène et le parcours du héros, sans que jamais le cinéaste ne prenne le risque de biaiser le point de vue, de le tordre, d’éclairer son itinéraire différemment que dans les phares d’un destin de grand homme – ce sont souvent des films d’époque (la moitié de la compétition est en costumes), propices à ce genre d’exercice lénifiant. Ainsi du film de Walter Salles, I’m Still Here, dont le titre sonne comme un rappel de son existence, douze ans après le décoratif Sur la route : revoici un réalisateur dont on n’attendait pas spécialement des nouvelles et dont le cinéma continue de nous i