C’est loin, Lussas. Il faut prendre le TGV, arrêt Montélimar, puis un car qui sillonne les routes ardéchoises en lacets. Arrêt Lavilledieu, monter dans une voiture ou marcher. Derrière le camping, prendre un petit chemin de terre encore mouillé par la pluie d’été, et apercevoir enfin ce qu’on appelle ici «le bâtiment» : un édifice à plusieurs pavillons, planqué dans le creux des montagnes, entièrement dévolu à la fabrique du documentaire. Depuis bientôt quarante ans, le village de Lussas (Ardèche) est une enclave, une utopie. Un projet à la fois bancal et fou, comme les films qui y sont projetés, enseignés et montés.
Lussas, c’est à la fois les Etats généraux du film documentaire et l’école du documentaire qui forme les auteurs jusqu’au master, ou qui accompagne les pros pour des formations courtes. C’est aussi, depuis peu, un studio de postproduction entièrement équipé, qui reçoit des équipes de partout en Europe pendant quelques semaines en immersion totale, le temps de finir un montage ou un mixage. C’est donc en toute logique que Tënk, plateforme de diffusion créée par Jean-Marie Barbe, lui-même à l’initiative des Etats généraux, y est née il y a sept ans. Soit 1 500 œuvres disponibles sur abonnement avec une ligne éditoriale exigeante, des films de patrimoine aux œuvres les plus confidentielles – de celles qui ne franchiront jamais la porte d’un cinéma, d’une télé, et parfois même d’un festival.
Colo pour intellos
Le 10 juin, une centaine de personnes (sur les 214 sociétaires) avaient fait