Son argumentaire est préparé et il a ses «papiers en main.» C’est ainsi que Jacques Doillon, 80 ans, s’est présenté à l’entretien du Parisien publié le mercredi 10 avril. Dans cette entrevue, le réalisateur revient sur les accusations portées à son encontre par quatre femmes pour des faits de viol, agressions et harcèlement sexuel, qu’il considère comme mensongères.
Judith Godrèche a porté plainte début février contre le cinéaste pour «viol sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité». Dans la plainte, elle décrit des faits qui se seraient produits au domicile du cinéaste, où l’adolescente de 14 ans qu’elle était, avait été invitée pour des essais en vue d’un rôle dans le film la Fille de quinze ans. Le 8 février, au micro de France Inter, elle a également raconté une agression sexuelle qui aurait eu lieu sur le plateau de ce film : «D’un coup, [Jacques Doillon] décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi. Et là, on fait 45 prises. Et j’enlève mon pull, et je suis torse nue, et il me pelote, et il me roule des pelles.»
#MeToo
Jacques Doillon, lui assure «ne jamais avoir eu de rapport intime» avec Judith Godrèche, et qu’il ne s’est rien passé avec elle «ni dans un bureau ni nulle part ailleurs». Pour ce qui est de la scène de sexe, il répond qu’elle était écrite dans le scénario, et assure avoir fait «sans doute 7 ou 8» prises, mais pas «45», ni même «20», comme l’avait écrit Jane Birkin, sa compagne de l’époque, dans son autobiographie. De toute façon, celle-ci «avait une tendance à l’exagération et était profondément jalouse», souligne-t-il.
Le 22 février, Jacques Doillon a annoncé porter plainte pour diffamation après un post Instagram de Judith Godrèche. La veille, l’actrice avait publié – et commenté – sur Instagram un article de Télérama : «En 2022, ce journal écrit que la spécialité de Doillon est de tourner avec des enfants. Il manque une phrase : “Avec qui il couche”». Une déclaration «ignoble et [qui] dépasse l’entendement», selon Marie Dosé, avocate de Jacques Doillon.
«C’est une histoire qu’elle invente ou qu’on lui suggère»
Dans cet entretien accordé au Parisien, le réalisateur revient également sur les accusations d’Isild Le Besco, dans un entretien daté du 21 février, dans le Parisien. Selon l’actrice, Jacques Doillon lui avait retiré un rôle après qu’elle avait refusé ses avances, alors qu’elle n’avait que 17 ans. Le cinéaste a une tout autre version : il aurait retiré le rôle à Isild Le Besco après avoir découvert qu’elle mentait sur son emploi du temps. Au sujet des avances que le réalisateur lui aurait faites : «C’est une histoire qu’elle invente ou qu’on lui suggère.»
Violences sexuelles dans le cinéma
Dans les colonnes du Monde, Anna Mouglalis l’avait, elle, accusé de l’avoir embrassé de force sur la bouche, chez elle, alors que son compagnon Samuel Benchetrit se trouvait dans la pièce à côté. Jacques Doillon réfute également cette histoire qui «ne tient pas» puisque les faits qu’elle décrits auraient eu lieu dans une cage d’escalier alors que lui dormait au rez-de-chaussée. «Pourquoi aurais-je monté l’escalier pour essayer d’embrasser Anna devant la porte de la chambre dans laquelle Samuel, qui était mon ami, se trouvait ?» Il ajoute penser qu’«Anna était jalouse de [sa] fille qui venait de tourner avec Samuel. Ou qu’elle a été poussée par d’autres à raconter quelque chose qui n’a pas eu lieu».
«Marketing pour vendre sa série ratée»
Enfin, au sujet de Jessica Théraud, qui accuse Jacques Doillon d’avoir touché ses seins dans sa chambre d’hôtel au festival de Dunkerque en 1992, quand elle avait 14 ans, le réalisateur n’aura qu’une phrase : «Jessica, qui répond à l’appel à témoins de Judith Godrèche trente-cinq ans après le tournage de la Fille de 15 ans, c’est tout simplement absurde.»
Dans cette interview à retrouver dans son intégralité sur le site du Parisien, Jacques Doillon se dit en «mort sociale», et dénonce l’annulation sine die de son film CM2, dont il espère encore la sortie «quand la ligue de vertu de Judith Godrèche, qui fait surtout du marketing pour vendre sa série ratée [ndlr : «Icon of French Cinema»], cessera de faire régner la peur». S’estimant blacklisté par «la grande famille du cinéma», il va «essayer de bricoler pauvrement, en amateur, en dehors de l’industrie du divertissement».