Les faits ont été jugés prescrits. La plainte pour agression sexuelle de la comédienne Hélène Darras contre Gérard Depardieu a été classée sans suite, révèle ce lundi 22 janvier le parquet de Paris confirmant une information de BFMTV et RTL. La plaignante, âgée de 26 ans et figurante au moment des faits présumés, accusait l’acteur de lui avoir mis une main aux fesses «bien appuyée» sur le tournage du film Disco, en 2007. Elle a été informée de cette décision le 29 décembre.

Dans son témoignage auprès de Complément d’enquête en mars 2022, Hélène Darras décrivait un Depardieu «ingérable» au moment du tournage. «Il me regarde comme si j’étais un morceau de viande. Moi, j’ai une robe ultra-moulante, il me rapproche de lui par la taille, ensuite, il passe sa main sur mes hanches, sur mes fesses…». Celui qui «sentait l’alcool» lui aurait demandé si elle voulait «monter dans [sa] loge». «Je lui dis non, mais ça ne change rien au fait qu’entre les prises, il va continuer à me peloter. Je suis pétrifiée», poursuivait l’actrice. «Je suis figurante, je n’ai même pas encore fini mon école de théâtre, et j’ai envie d’être comédienne. Je n’ai pas envie d’être blacklistée à 26 ans.»

Dans cette émission reprenant les rushs d’un documentaire, on entendait également le comédien tenir des propos de nature sexuelle visant une fille de 11 ans faisant de l’équitation, lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018 en compagnie de Yann Moix. Une autre comédienne, Charlotte Arnould, l’y accusait aussi de viols. Des faits qui se seraient déroulés fin août 2018 et pour lesquels il est mis en examen depuis décembre 2020. L’avocate de Charlotte Arnould, Carine Durrieu-Diebolt, a récemment écrit au parquet de Paris pour lui demander d’analyser le reportage de Complément d’enquête, selon le ministère public confirmant une autre information de BFMTV. L’avocate estime que les propos tenus par Gérard Depardieu en Corée du Nord devant la caméra sont susceptibles de revêtir une qualification pénale, ce que le parquet analyse actuellement.

Sept mois après l’émission diffusée par France Télévision, Hélène Darras - qui jusqu’à présent souhaitait surtout apporter son témoignage pour «appuyer celui de Charlotte Arnould» d’après Mediapart - s’était finalement décidée à porter plainte le 10 septembre. Soit 16 ans après le tournage de Disco. Le délai de prescription est de six ans pour les agressions sexuelles, quinze ans pour les viols, vingt pour les viols aggravés. La comédienne avait malgré tout «voulu répondre à la défense qui minimise nos dénonciations en disant que ce ne sont ‘que’ des témoignages». «J’ai mis un an à passer du témoignage à la plainte», avait-elle aussi confié. «Passer la porte du commissariat, dire à un policier qu’on vous a touché les parties intimes, ce n’est pas évident, ça prend du temps d’y réfléchir», a-t-elle ajouté.

En tout, en avril 2023, treize femmes ont accusé l’acteur de violences sexuelles. Elles témoignaient auprès de Mediapart, évoquant des propos obscènes, insistants, des mains glissées dans des culottes, sur des fesses ou des poitrines. L’intéressé de son côté a démenti ces accusations. Dans une lettre ouverte publiée sur le site du Figaro début octobre, il se défendait : «Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme. Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère».