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Libération
Critique

Le film «After», 1h09 de club transe

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Le premier long métrage d’Anthony Lapia est une ode à la teuf dans toutes ses composantes, de son esthétique à l’opiniâtreté de ses participants.
La photo du film offre un rendu bluffant de pellicule. (Potemkine Films)
publié le 24 septembre 2024 à 23h22

Il suffit d’une séquence d’After pour percevoir qu’Anthony Lapia connaît la teuf, qu’il en a fait l’expérience encore et encore, qu’il sait ce qu’elle fait et procure avec ses rituels, sa singularité, son expédient dans notre tissu social et culturel. C’est celle qui ouvre le film, après les crédits en fanfare : mosaïque de visages en gros plan oscillant sous une lumière sale et projetant depuis la pénombre une manière de stroboscope faiblard sur l’écran, traits à peine perceptibles et indifférenciés, yeux clos, semi-sourires d’extase arrachée au quotidien pendant que bastonne la musique, le «son» comme on dit là, techno dure et servicielle, générique si l’on peut dire, pour entraîner toutes et toutes sans se poser la question du pourquoi ni du comment.

On pouvait deviner à l’avance qu’Anthony Lapia estimait que la représentation de la teuf manquait au cinéma parce qu’il y consacre son premier long métrage, attestant qu’il en mesure l’importance, tout particulièrement dans l’histoire de la France depuis la fin des années 2000, quand la techno et son lieu d’expression fondamental sont entrés profondément dans nos mœurs, après deux décennies à se maintenir à leur périphérie. Mais on voit surtout dans cette séquence comment la teuf paume et emmitoufle, glace et échauffe, unit et isole, reconstruit et fracasse.

Car elle se prolonge, cette ouverture, sur sept ou huit minutes d’immersion, alors qu’éruptent les caractères et les personnages, chacun défini par une manière d’êt