Barbie, Barbie, Barbie. Impossible, à moins d’avoir vécu dans une grotte depuis deux mois, d’être passé à côté de la sortie en salles du blockbuster américain à la propagande ultra-agressive, fruit de l’union entre la firme de jouets Mattel et du studio Warner. Avec déjà plus d’un milliard de dollars de recettes, le film est déjà entré dans le top 25 des plus gros succès de l’histoire du cinéma, et devrait encore grimper quelques places dans les prochaines semaines, étant toujours en tête du box-office en France et aux Etats-Unis. Mais le coup de blues de la blonde parfaite qui vit dans un monde parfait ne plaît pas à tout le monde : depuis quelques semaines, les censures fusent tout autour du globe.
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Dernier pays en date à avoir bloqué la diffusion de Barbie : l’Algérie. D’après plusieurs médias locaux, le film, pourtant diffusé pendant plusieurs semaines dans le pays, a été retiré des salles ce week-end pour «atteinte à la morale». Sortie le 19 juillet, l’œuvre de Greta Gerwig a été supprimée de la programmation de plusieurs salles dimanche sans que l’on en informe le public. Le distributeur a pour sa part annoncé la déprogrammation du film, sans que, pour l’instant, le ministère algérien de la Culture, qui annonce normalement les interdictions, ne communique sur le sujet. «L’Algérie a fini par être gagnée par la polémique sur Barbie à cause de scènes destinées à un public adulte» et d’allusions à l’homosexualité, a expliqué le site d’information TSA.
Les Koweïtiens s’en vont le voir en Arabie Saoudite
Alger est loin d’être la première à rayer Barbie de la carte. Mi-juillet, la province pakistanaise du Pendjab, dans le centre-est du pays, annonçait repousser la sortie du film en raison de son «contenu choquant». Dans le pays, les films doivent recevoir le feu vert du bureau de la censure qui bannit tous les passages considérés comme allant contre les valeurs sociales et culturelles du Pakistan.
La semaine dernière, le Liban et le Koweït leur emboîtaient le pas. Au Liban, le ministre de la Culture a demandé son interdiction car Barbie ferait «la promotion de l’homosexualité et du changement de sexe», qu’il soutiendrait «le rejet de la tutelle du père», qu’il tournerait «en ridicule le rôle de la mère» et remettrait «en question la nécessite du mariage et de la formation d’une famille». Au Koweït, le président du bien nommé «comité de la censure cinématographique» a lui aussi ordonné son interdiction sans en expliquer la raison. Avant de prendre leur décision, les autorités avaient demandé la suppression de «certaines scènes obscènes encourageant des comportements inacceptables», sans donner de précisions sur les passages en question.
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D’après le New York Times, beaucoup de Koweïtiens se rendraient dans l’Arabie Saoudite voisine pour voir le film où il a beaucoup de succès (on parle de jusqu’à quinze séances par jour dans certaines salles), ou encore à Bahreïn et aux Emirats arabes unis. Un paradoxe quand on sait qu’il y a moins de dix ans, les cinémas étaient encore interdits à Riyad. A l’époque, c’étaient les Saoudiens qui allaient voir des films chez leurs voisins.
En Asie, une carte de la mer de Chine méridionale fait débat
Dans un autre registre, Barbie a aussi été interdit au Vietnam. Moins choquées par le message et les valeurs véhiculés par le film, les autorités du pays ont en revanche peu goûté à une carte de la mer de Chine méridionale qui apparaît à l’écran. On y voit une délimitation géographique propre à la Chine, dite «la ligne en neuf pointillés», qui définit les revendications de Pékin sur ces eaux qu’Hanoï revendique également. L’année dernière, Uncharted, le film d’action et d’aventure mettant en scène Tom Holland, a également été interdit dans les salles de cinéma pour le même motif.
Aux Philippines, plutôt que d’opter pour une interdiction pure et simple du film, on a préféré la censure partielle : le film y est autorisé à condition que la carte soit floutée. Manille revendique également une partie de ces eaux.