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Libération
Primé à Cannes

«All We Imagine as Light» de Payal Kapadia, mousson et lumière

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Grand prix au Festival de Cannes, le superbe film de l’Indienne suit les trajectoires de trois femmes solitaires aux envies contrariées qui rêvent de grand large.
Trois femmes qui travaillent dans le même hôpital, Prabha, Anu et Parvaty, sinuent dans la ville de Mumbai. (Condor Distribution)
publié le 1er octobre 2024 à 15h15

Vers la fin de Toute une nuit sans savoir, sorti en 2021, s’inscrit à l’écran la phrase d’un poème : «All will be remembered.» On se souviendra de tout. Le premier long métrage de Payal Kapadia était un documentaire hybride, expérimental, presque intégralement en noir et blanc et tremblotant, conçu à partir de found footage, d’archives des manifestations étudiantes de Delhi en 2016 et des lettres d’une jeune femme anonyme qui signait son journal intime d’amour perdu et de révolte politique de la seule lettre «L». L comme «elle». L comme light. Lumière et imaginaire, femme et magie : voici All We Imagine as Light. Au mitan de ce deuxième film, chronique-fiction expérimentale qui a obtenu le grand prix du Festival de Cannes, l’une des trois protagonistes, Prabha, se retrouve au premier rang d’un cinéma, tête levée vers un film en cours dont on ne perçoit que la lumière de l’écran en reflet sur son visage. Le cinéma et la projection de film comme source de lumière mystique et optique étaient déjà au centre de Toute une nuit sans savoir, où les étudiants en cinéma dansaient sur les volcans de la révolution et des images, ombres festives surprises dans le faisceau phosphorescent du projecteur. La lumière derrière, l’imagination devant. Par le cinéma, oui, on se souviendra de tout, encore