Difficile de ne pas succomber au charme liquide d’Alma Viva, tant ce premier film brille par sa façon de se déployer dans un contraste de couleurs, de tonalités et d’ambiances aussi séduisantes que désarticulées. Après avoir zieuté en loucedé une veillée funéraire à travers des drapés, la petite Salomé, 10 ans à tout casser, est invitée aux premières loges par sa grand-mère qui la charge d’allumer des clopes nécessaires pour conclure un rite permettant à l’esprit du défunt de ne pas hanter trop longtemps les lieux. Dans le fond de la pièce, en silence, un vieil oncle aveugle cherche des doigts le bouton d’une radio fatiguée. L’interrupteur pressé, c’est une rivière qui explose à l’écran et fait pleuvoir une douzaine de poissons. L’obscurité feutrée de la maison endeuillée est immédiatement chassée par le soleil blanc du nord du Portugal, la solennité cabalistique du soir dégagée par la trivialité fleurie d’un village à flanc de collines.
Twerk et trap
Peu à peu se dévoile le portrait d’une famille nombreuse, à la fois éclatée et perpétuellement les uns sur les autres, collée et déchirée. Il y a un mort dans l’entourage, certes, mais l’oncle de Salomé semble davantage dévasté par l’état d’avancement du chantier de sa piscine. Puis l’on retrouve cette robuste grand-mère, si à cheval sur le culte de Saint George, en train de se faire frictionner le dos pour se remettre d’une nuit endiablée avec le voisin, avant que sa petite-fille chérie ne l’entraîne dans un twerk sur un clip de trap.