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Libération
Drame

«Anna» de Marco Amenta : terre battante

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Dans un beau western sarde, le cinéaste suit la lutte d’une bergère sauvage et opiniâtre contre des promoteurs immobiliers.
«Anna» est un film sur l’opiniâtreté. (Les films de l'Atalante)
publié le 5 mars 2025 à 6h29

Anna est une fausse néorurale. En fait, de retour de Milan après la tentative échouée d’une vie de couple au secret lourd, elle a choisi de s’installer sur les terres rocheuses de Sardaigne où elle a grandi, reprenant la bergerie, la cahute de son défunt père, son lopin de terre. Retour aux sources, telle la Manon de Pagnol à laquelle on songe forcément. Anna a pris la succession agricole familiale sur la colline au-dessus de la mer, bergère brune et indocile prenant soin de ses chèvres dont elle vend au village les produits, cageots de fromages et ricotta fraîche. Solitaire, sauvage, cabrée comme son troupeau contre les incursions humaines sur son domaine, un beau jour voyant des rubans de chantier rouge et blanc jurer dans les buissons de la garrigue, tôt suivis par les bulldozers d’une entreprise de promoteurs immobiliers cyniquement baptisée «le Mirage», Anna voit son monde basculer : un complexe hôtelier doit s’ériger là où elle est.

Le film, tiré d’une histoire vraie, suivra sa lutte endurante mordicus, épaulée par un avocat barbu et amoureux, pour apporter la preuve que la terre appartient bien à son père même s’il n’existe d’autre contrat de propriété que l’accord oral devant témoins pour sceller la vente, ainsi que le voulait l’usage du monde paysan. Marco Amenta, après la lutte contre Cosa Nostra en Sicile (la Sicilienne, 2009), choisit le rivage de Sardaigne comme paysage d’un nouveau combat contre une mafia apparentée, l’immobilière. Il signe un west