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Rétrospective

Anna May Wong à la Cinémathèque française : fée d’artifices sino-américaine

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Redécouverte récemment, la glamourissime star passa sa vie à tenter de repousser les limites de rôles marqués par l’orientalisme et les préjugés. Une rétrospective revient sur sa carrière entre Hollywood et l’Europe.
Anna May Wong dans «Song» de Richard Eichberg (1928). (DR)
publié le 22 avril 2025 à 16h30

Toute vedette a sa raison d’être. Celle avancée par Anna May Wong pour devenir la première star hollywoodienne d’origine sino-américaine détonne : née Wong Liu Tsong en 1905, la fille de blanchisseuse aimait traîner enfant sur les tournages angelins et surprend un jour l’actrice Mae Murray en haillons, sans comprendre que c’est un costume de film. «Mon ambition d’actrice est née à ce moment-là, disait-elle. Peut-être voulais-je lui apprendre comment une star de cinéma doit s’habiller.» Sacrée «plus belle Chinoise au monde» par le magazine Look en 1938, Wong donnait des leçons de grâce. «Ses lèvres bien formées, légèrement voluptueuses, contrastent avec le noir mélancolique de ses yeux […], seul un Van Eyck ou un Holbein pourraient la capturer sur un canevas», s’extasiait son costumier Ali Hubert. Elle aura aussi appris la difficulté d’exister dans une industrie d’avant-guerre l’assignant à l’orientalisme et aux stéréotypes – victime éplorée ou «femme dragon» traîtresse.

La rétrospective à la Cinémathèque française contextualise cette trajectoire, fait apprécier ses apparitions, même secondaires (la Marchande de rêves de Tod Browning, en 1923), et songer aux occasions manquées. Ironiquement, dans une filmographie majoritairement en noir et blanc, son premier grand rôle est dans un film en couleurs (les rouge et vert permis par un Technicolor bichrome balbutiant), Fleur de lotus (1922), sous-Madame Butterfly où elle