Projetés sur un écran vertical de verre transparent, deux globes oculaires, séparés de leurs orbites, flottent dans l’obscurité environnante avant de se multiplier en mille yeux libres de leur danse, décuplés dans l’espace tout autour, sur le sol et sur les murs. Leur propriétaire, au maquillage aveugle d’un gore minimaliste, les cherche en vain, errant en surimpression parmi les rais de lumière. C’est Solarium, une des installations d’Apichatpong Weerasethakul présentées à l’Atelier Brancusi du centre Pompidou. Un regard fou et libre, multiple, séparés du vivant qui le poursuit sans cesse ? Oui, c’est bien celui, prolixe-génial, de l’artiste et cinéaste thaïlandais né en 1970, l’auteur de Tropical Malady (2004) et Syndromes And a Century (2006), de Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives, palme d’or à Cannes en 2010, ou plus récemment de Memoria (2021). Les fantômes qui hantent son travail comme une figure fondamentale viennent autant du passé que du futur, de la technologie que de la mémoire, pôles d’une œuvre qui tend toujours au dytique ou au dédoublement, entre le primitif et le contemporain. Il est venu de Chiang Mai pour mettre sur pied et présenter une traversée trè
Interview
Apichatpong Weerasethakul au centre Pompidou : «J’ai toujours voulu que les images soient libres»
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Apichatpong Weerasethakul en 2022 à Bangkok. (Harit Srikhao)
par Luc Chessel
publié le 4 octobre 2024 à 16h00
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