Une année scolaire passe, un émouvant petit tour en rond, devant la caméra de Claire Simon qui a filmé plusieurs mois dans l’école primaire publique Anton-Makarenko, à Ivry-sur-Seine. Il y a plus de trente ans, la première immersion de la documentariste dans le milieu scolaire avec Récréations (1992) nous jetait dans la poésie furieuse, mais surtout la terreur des jeux de maternelle. C’était une organisation miniature entre tyrans joufflus et leurs souffre-douleurs filmés dans tous leurs états, sans filtre et sans surmoi, à l’épreuve d’un millier de psychodrames enfantins. Que sont devenus ces petits trésors tout plein de pulsions staliniennes aujourd’hui, et iront-ils voir Apprendre ? Cette fois, les enfants ont 6 ans et plus. Ce sont même des élèves avant d’être des enfants puisque le film se concentre sur l’espace de la classe : retour à la supervision des adultes, une forme d’ordre plutôt que le chaos. Le film s’ouvre sur la stature rassurante du directeur qui prend une petite pogne par la main. Une seule scène très brute rappelle la réalité de l’autogestion enfantine à l’heure de la récré – un gamin s’y fait bannir d’un jeu «à tout jamais», et l’on vous met au défi de ne pas avoir le menton qui tremble quand il demande à la petite cheffe à couettes qui a prononcé sa sentence, «Pourquoi tu me détestes ?»
Documentaire
«Apprendre» de Claire Simon, être et savoir
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Claire Simon a filmé plusieurs mois dans l’école primaire publique Anton Makarenko, à Ivry-sur-Seine. (FRANCOIS/Condor Films)
par Sandra Onana
publié le 29 janvier 2025 à 6h35
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