De son propre aveu, Arnaud des Pallières n’a jamais mis les pieds aux Etats-Unis d’Amérique. Apprendre ça (on peut le lire dans le dossier de presse du film) ajoute à la fascination transitive qu’on éprouve à découvrir, après Diane Wellington et Poussières d’Amérique, cette nouvelle variation sur les archives Prelinger. Ainsi, le cinéaste n’a jamais eu accès à ce continent rêvé, cauchemardé, autrement qu’à travers ces images qu’il travaille opiniâtrement depuis plus d’une dizaine d’années, images qui sont à chaque fois davantage «celles qui restent», à mesure que le fonds s’épuise. Dans ces archives, on trouve pêle-mêle des films de famille, des films publicitaires, institutionnels, historiques collectionnés à partir des années 70 par Rick Prelinger et que l’on peut d’ailleurs consulter librement en ligne sur un site dédié. Ce sont les reliquats du discours dominant et victorieux produit par l’Amérique pendant tout le XXe siècle qui fut, concomitamment, celui d’un pays et d’un médium. Reste donc à disposition du cinéaste d’innombrables heures d’images déchets, que celui-ci recueille avec l’attention d’un chercheur d’or qui ne négligerait pas les pépites microscopiques ou mal calibrées.
Archive 2013
Le film, journal de montage scandé par les dates de trois mois de travail, met de l’ordre dans les fragments en passant, comme dans Diane Wellington et Poussières d’Amérique, par un texte scandé sur cartons noirs, qui imprime un rythme très particulier à l’ensemble.