Un futur sans nouveau film de David Lynch serait ajouter au malheur du monde. Une certitude muée en vent de panique ces dernières heures chez les fans du cinéaste de 78 ans, face aux extraits d’une interview accordée dans le numéro de septembre de la revue Sight and Sound, engrangeant une multitude de gros titres catastrophistes. Révélant y être atteint d’emphysème pulmonaire, Lynch y expliquait être «confiné à domicile, que cela [lui] plaise ou non», et ne pas pouvoir marcher de longues distances «sans manquer d’oxygène». Quant à l’éventualité de réaliser un nouveau long métrage un jour : «A cause du Covid, cela serait très mauvais pour moi de tomber malade, même si c’était un rhume. Je devrais probablement diriger de chez moi. Avec le Covid, on a aujourd’hui inventé des moyens de faire ça à distance. Ça ne me plairait pas beaucoup. J’aime être au cœur du réacteur pour trouver les idées. Mais j’essaierais de réaliser un film à distance, si cela se présentait.»
Série «cul de foudre» (3/9)
Des déclarations aussitôt reprises et citées dans des versions plus ou moins tronquées d’un média à l’autre, ouvrant fallacieusement la porte aux interprétations pessimistes, selon la logique du verre à moitié plein ou à moitié vide. Il n’en a pas fallu longtemps pour que le cinéaste publie un communiqué pour éteindre les inquiétudes : «Oui, je suis atteint d’emphysème du fait de beaucoup d’années de tabagisme. Je dois dire que j’ai énormément aimé fumer, et que j’adore le tabac […] mais il y a un prix à payer pour ce plaisir et pour moi, c’est un emphysème. Cela fait maintenant deux ans que j’ai arrêté de fumer. J’ai passé de nombreux tests récemment et la bonne nouvelle est que je suis en pleine forme à l’exception de l’emphysème. Je suis rempli de joie, et je ne prendrai jamais ma retraite.»
Musique et clips
Les nouvelles de David Lynch se font rares depuis la sortie de Twin Peaks : The Return en 2017, ultime saison apportée à sa série mythique vingt-six ans après la fin de sa diffusion. Son dernier long métrage au cinéma, Inland Empire remonte à 2006. Des rumeurs ont pu lui prêter des projets avec Netflix ces dernières années, mais la plateforme a rejeté son projet de film d’animation Snootworld. Hormis un caméo dans The Fabelmans de Spielberg en 2022 en John Ford fort en gueule, et d’addictifs bulletins météo ritualisés sur sa chaîne YouTube pendant la pandémie, le cinéaste a surtout œuvré sur le terrain musical. La sortie le 2 août d’un album qu’il cosigne avec Chrystabell, Cellophane Memories, poursuit une collaboration de longue date avec la musicienne et performeuse, pour laquelle il a également signé quatre nouveaux clips vidéos. Pour Sight and Sound, le cinéaste est aussi revenu sur les projets non aboutis de sa carrière tel le scénario de Antelope don’t run no more, resté dans les tiroirs depuis 2010 faute de financements, et a assuré ne pas perdre espoir : «On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.»