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Vu de São Paulo

Au Brésil, le film «Je suis toujours là» réveille les fantômes de la dictature

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Récompensé aux Golden Globes par un prix d’interprétation, le film de Walter Salles sur la quête de justice d’une famille de disparu a connu un véritable succès en salles mais s’est aussi attiré les foudres d’une extrême droite nostalgique de la junte.
Officiellement 434 personnes ont été tuées ou ont disparu pendant la dictature militaire au Brésil (1964-1985). (StudioCanal)
par Chantal Rayes, correspondante à São Paulo
publié le 14 janvier 2025 à 16h25

«Ce film a réussi à faire revenir les Brésiliens au cinéma et à leur faire retrouver la fierté de leur culture après ces années où les artistes ont été avilis», s’est réjouie l’actrice Fernanda Torres. Dans Je suis toujours là, elle interprète Eunice Paiva dans sa quête pour la vérité, après l’arrestation de son mari, Rubens Paiva, ex-député, architecte, accusé par la junte d’activités de soutien à des opposants sous la dictature militaire. Sa prestation lui a valu le prix de la meilleure actrice dans un film dramatique aux Golden Globes, le 5 janvier.

Au Brésil, où la soirée a été suivie dans une «ambiance de finale de Coupe du monde», selon la formule de la Folha de São Paulo, l’orgueil national est gonflé à bloc et l’on se prend à rêver d’oscars. Même des figures proches de l’extrême droite – courant qui est dans la négation, sinon l’apologie de la dictature – ont laissé éclater leur joie. Craignant de voir l’euphorie s’emparer de son camp, l’état-major bolsonariste s’est aussitôt mobilisé, par la voix de Mário Frias, «secrétaire spécial à la Culture» sous Bolsonaro (qui avait purement et simplement supprimé le ministère)