Deux mains dans la main, deux ambiances : mardi, on s’émouvait d’Alain Ughetto (en compétition officielle à Annecy avec Interdit aux chiens et aux Italiens) prenant dans sa grande paluche celle toute petite de sa grand-mère en pâte à modeler. Mercredi soir, c’était une grosse dondon aux seins pastèques, placide et blasée, qui susurrait «Donnez-moi votre main…» à un petit homme mauve et constatait d’une voix lasse, en faisant sauter l’organe du bout de ses immenses doigts : «Votre main est de taille moyenne. La mienne est beaucoup plus grande, beaucoup plus puissante. Vous comprenez ?» Formes molles, contours enfumés, carillons synthétiques et mélodies éthérées – il est près de minuit dans la grande salle du Bonlieu où est projetée l’excitante sélection WTF du festival.
Ce court-là, Hotel Kalura, est signé de la Londonienne Sophie Koko Gate (vue sur Adult Swim, dans des clips pour Kodak Black ou King Gizzard and the Lizard Wizard) et nous transporte dans l’atmosphère moite du bar d’un hôtel au milieu de nulle part, où un homme au crâne plein de surprises dégainera sa mandoline dans l’espoir de séduire cette intrigante fumeuse de cigarettes mastoc. Enfin, après avoir ramé jusqu’à l’épuisement dans le grand bain de la compétition officielle et ses œuvres pharaoniques,