L’arrivée au festival Il Cinema Ritrovatto de Bologne est toujours la promesse d’un dépaysement total : au cœur de l’Italie de Giorgia Meloni – mais dans une ville historiquement de gauche –, un peuple de l’ombre se retrouve, qui se moque des frontières, de l’actualité, et même des sirènes de la gastronomie italienne. On y croisera des gamins de 7 ans qui font leur top 5 des meilleurs acteurs de tous les temps («Placerais-tu Marlon Brando avant Marcello Mastroianni ?»), des employés de mairie qui soldent leur RTT pour une semaine au festival mais préfèrent finalement découvrir d’obscures pépites de la Rai 3 dans leur AirBnB, des directeurs de cinémathèque, bien sûr, venus admirer l’ouverture de la toute nouvelle salle Modernissimo sous la Piazza Maggiore, et aussi des réalisateurs (Ira Sachs, Matías Piñeiro…) venus incognito faire le plein d’histoire du cinéma. Une petite armée cinéphile, bigarrée et extravagante, totalement anachronique, et dont la présence fervente, pour la beauté du geste, réchauffe le cœur. Ne pas parler d’autre chose que de cinéma, telle semble être la règle implicite, mais comme parler de cinéma permet de parler de tout, on n’étouffe pas à Bologne.
Intuition extraordinaire
Un exemple du septième art comme