Après les interventions américaines du début des années 2000 dans leur pays d’origine, près de 5 millions d’Afghans ont dû trouver refuge chez leurs «frères» iraniens. Pour croquer la vie de ces immigrés, Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi, duo qui signe ici son premier long métrage, inventent dans Au pays de nos frères une fiction composée de trois chapitres, espacés de dix ans les uns des autres, qui racontent l’histoire d’un même groupe d’exilés afghans.
Chaque bloc s’apparente presque à un court-métrage autonome. Arrivé depuis peu sur le territoire, le jeune Mohammad se trouve pris dans un chantage à l’expulsion par la police locale ; Leila, femme de ménage sans papiers pour une famille aisée, camoufle le décès de son mari pour éviter d’attirer les autorités ; enfin, le patriarche Qasem apprend la mort de son fils, parti combattre le terrorisme en Syrie pour le compte du régime. De 2001 à 2021, Au pays de nos frères dresse ainsi le constat invariant d’individus déconsidérés. Malgré une intégration croissante – sans papiers au début du film, la famille de Qasem, grâce au sacrifice de son fils, finit par obtenir la nationalité iranienne dans le dernier segment –, le groupe d’Afghans reste confiné à la marge de la société.
Accents de chronique sociale, de thriller, de mélodrame
Bien que les trois récits s’aventurent dans des genres différents, avec des accents de chronique sociale, de thriller ou de mélodrame, ils mettent tous en lumière la coexistence impossible (ou inégalitaire) entre Iraniens et réfugiés, dont les