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Critique

«Aucun Ours» de Jafar Panahi : qui va las en Iran

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En salles mercredi, «Aucun ours», puissante fiction autobiographique du cinéaste iranien aujourd’hui incarcéré pour dissidence, témoigne de l’épuisement du peuple face à un régime délétère.

Un conflit éclate dans le village autour d’une jeune femme, promise à un homme depuis la naissance selon une vieille coutume azérie mais vue, et même possiblement photographiée, flirtant avec un étudiant. (JP Production)
ParDidier Péron
Rédacteur en chef adjoint - Culture
Publié le 18/11/2022 à 17h19

On savait l’Iran en situation sociale explosive depuis des mois : grèves et marches de protestation se succèdent contre le gouvernement du très conservateur Ebrahim Raïssi, qui n’a rien d’autre à offrir à la population – confrontée à la crise économique aggravée et à une inflation délirante – que le serrage de vis des codes religieux. La mort de la jeune Mahsa Amini, interpellée par la police des mœurs pour «port de vêtements inappropriés» (en l’occurrence un voile jugé pas suffisamment couvrant) dans la rue, a été le détonateur des vagues révolutionnaires qui depuis des semaines embrasent l’Iran. Elles sont apparemment inorganisées, sans véritable leadership, portées par une juste aspiration au changement, à l’émancipation, à la liberté, en lieu et place d’une tyrannie bigote et hypocrite ayant noyauté par ailleurs tous les secteurs d’une économie dominée par la corruption.

Il faut voir le film de Jafar Panahi qui sort mercredi comme une fiction autobiographique tournée avant que ces événements historiques n’adviennent, mais trahissant l’épuisement d’une existence