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Libération

Audrey Diwan : «La première personne du singulier permet à Annie Ernaux de formuler ce qui n’a jamais été dit avant elle»

Autrice et cinéaste, Audrey Diwan a remporté le lion d’or à la Mostra de Venise en 2021 pour son adaptation de «l’Evénement» d’Annie Ernaux. Elle salue une œuvre qui a fait évoluer la sensibilité de la société entière.
L'autrice et cinéaste Audrey Diwan à Madrid le 9 mars. (Juan Naharro Gimenez/Getty Images)
publié le 8 octobre 2022 à 1h15

«C’est son écriture blanche qui m’a d’abord attirée vers ses livres. Et la manière dont la première personne du singulier lui permet de formuler ce qui n’a jamais été dit avant elle, et devient un propos collectif tant il est universel. La résonance de son nom et de ses textes n’a cessé d’avoir une portée de plus en plus ample.

«Pour l’Événement, Annie Ernaux a accepté de m’accompagner tout au long de l’écriture du film. Les premières fois que l’on s’est vu, elle a éclairé les angles morts du récit, ouvert des albums pour me montrer comment elle était vêtue ou coiffée. Elle était dans le partage, la générosité. Elle m’avait dit : «De tous mes livres, l’Evénement est celui qui a le moins intéressé les journalistes.» On était au début des années 2000, il était sans doute encore inconvenant d’écrire sur l’IVG. Grâce à cette œuvre, grâce à cet élan autobiographique, l’appétence et la sensibilité collectives n’ont cessé d’évoluer. Annie Ernaux parle de manière très intime de sa vie de femme. Si les jurés du Nobel ont choisi de distinguer cette œuvre, c’est forcément ce parcours de femme et sa manière de l’interroger qu’ils honorent.»