Almamula est un film léché et mal léché. Propret et inconvenant. Aussi pur (dans sa forme) qu’impur (dans ses pensées), aux fins de brosser un grand désordre intérieur adolescent. Ce premier long métrage, Juan Sebastian Torales l’a voulu autobiographique, faisant retour sur un coin d’Argentine et d’enfance aride, dans la province de Santiago del Estero. Nino est un ado homosexuel martyrisé par une bande de garçons, que ses parents décident d’emmener loin, avec sa grande sœur détestable, dans une propriété à la campagne. Famille austère, bourgeoise, Nino passe l’été entre torpeur de terre cuite et cours de catéchisme pastoraux, fasciné par le Christ en croix, ses stigmates et sa semi-nudité, comme par l’histoire d’un enfant du coin disparu, que les croyances locales disent victime de l’Almamula, créature pécheresse, femme légendaire et damnée qui hante les bois et s’attaque aux êtres immoraux.
Cette tension entre grâce et pesanteur, désœuvrement et touffeur, châtiment du Dieu chrétien (le blasphème d’un Jésus érotisé) et diable fantasmé en créature de la forêt (l’Almamula, charbons ardents), cette ambivalence entre formalisme appliqué et déréliction craintive résume ce que peut avoir de séduisant pour l’œil et d’asphyxiant pour l’esprit le cinéma arty en général et le style fantasti