Menu
Libération
Romance

Avec «Black Tea», Abderrahmane Sissako boit la tasse

Article réservé aux abonnés
Dix ans après «Timbuktu», le cinéaste raconte l’histoire d’amour, lisse à souhait et sans saveur, d’un vendeur de thés cantonais et d’une immigrée ivoirienne, dans une esthétique d’intelligence artificielle.
L’actrice Nina Mélo dans «Black Tea». (Olivier Marceny/Gaumont)
publié le 27 février 2024 à 19h42

Black Tea a toutes les caractéristiques de l’œuvre de grand réalisateur international faisant un film tous les dix ans : l’atmosphère raréfiée, l’épure et la stylisation, la sagesse du propos, le degré de généralité des thèmes. Un grand réalisateur, sans doute par sa fréquentation intime de la machine cinématographique (cet appareil à la fois technique et financier) a quelque chose d’une intelligence artificielle. On serait odieux d’imprimer que Black Tea semble avoir été écrit par ChatGPT et mis en scène par OpenAI – mais le cinéma aime après tout déchaîner en lui les puissances du faux, et l’esthétique deepfake lisse à souhait, dans sa forme comme dans son contenu, du nouveau film d’Abderrahmane Sissako (auteur des célèbres Bamako et Timbuktu) jouerait presque en sa faveur.

Langue publicitaire

C’est une nouvelle expérience sur le terrain, sans limites, de la désincarnation. L’histoire se passe en Chine, à Guangzhou, dans le quartier de Little Africa, dit aussi «Chocolate City», où vit une importante diaspora africaine. Là, Aya (jouée par l’actrice française Nina Mélo), qui a quitté la Côte-d’Ivoire en même temps que l’homme décevant qu’elle était sur le point d’épouser, travaille dans la boutique de Cai (joué par l’acteur taïwanais Han Chang)