Un biopic d’artiste c’est un biopic au carré, et donc deux fois plus de chance de tomber dans les travers du genre : la grandeur d’un destin dont la réussite est connue d’avance, l’ode au génie singulier mais mort donc décoratif, la promotion en sous-main du cinéaste lui-même, qui se mesure à la figure qu’il ressuscite. Avec Niki, présenté à Cannes en mai (sélection Un certain regard), Céline Sallette passe à la réalisation en choisissant une figure qui interpelle nos biais contemporains : femme passée de mannequin à artiste totale, Niki de Saint Phalle a dû s’imposer dans un milieu patriarcal côté pro et, côté perso, affronter le souvenir du viol infligé par son père lorsqu’elle était enfant.
Contrechamp impossible
Autant d’aspects qui se dressent contre le film, tant il est difficile d’aller à rebours du récit d’émancipation tout tracé, et de filmer autre chose qu’une ode édifiante à la puissance de l’art contre les coups bas de la vie. Le premier plan de Niki, qui pose, très maquillée, pour un shooting, rappelle le Pablo Larraín des portraits de femmes (qu’il enchaîne ces temps-ci comme des