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Libération
Epopée

Avec «Emilia Perez», Jacques Audiard est à feu et à chant

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Avec ce film musical sur la transition de genre d’une narcotrafiquante dans un Mexique fantasmé, doublement primé à Cannes, le cinéaste trouve son souffle dans l’outrance et le déchaînement des sentiments.
Selena Gomez en épouse prisonnière. (Shanna Besson/PATHÉ FILMS)
publié le 20 août 2024 à 18h00

Une fois passée la surprise procurée – même précédée de la rumeur de Cannes où il a reçu le prix collectif d’interprétations féminines et celui du jury – par Emilia Perez de Jacques Audiard, on pourrait bien être tenté de se demander ce qu’on a vu. Une comédie musicale ? Au Mexique ? Dans le milieu du narcotrafic ? Sur l’épopée d’un changement de genre ? L’histoire en forme d’opéra pop de la femme du titre, Emilia, quittant sa vie de puissant baron de la drogue macho pour disparaître et reprendre à zéro, enfin libre d’être elle-même… avant de revenir et renouer, incognito, avec les siens, pour réparer les injustices du passé ? Le tout tourné en Ile-de-France, entièrement chorégraphié en studio, avec force stars hollywoodiennes ? C’est beaucoup, es mucho, oui vraiment, it’s a lot. Mais plutôt que bouder son plaisir, étant capable d’en prendre sans être obligé d’y croire, on se laissera emporter dans le tourbillon de ce blender, en s’efforçant de faire taire un moment la question : qui fait ça ? Mais elle revient vite.

Alors, qui fait ça ? Imaginons que c’est l’auteur et réalisateur du film, cet homme (cis, hétéro, français, blanc, septuagénaire, multiprimé, fils de – une pluie d’or, d’attributs et d’épithètes) nommé Jacques Audiard. C’est là son dixième long métrage. L’auteur Audiar