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Libération
Films-colosses

Avec «Interdit aux chiens et aux Italiens», le Festival d’Annecy refait l’histoire

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Grippe espagnole, femmes suicidées, innocents trucidés… Au festival du film d’animation, mardi, on a grincé des dents devant «Charlotte» et on a pleuré de tendresse devant le très beau «Interdit aux chiens et aux Italiens» d’Ughetto.
«Interdit aux chiens et aux Italiens» d'Alain Ughetto nous saute assez rapidement au visage en tant que chef-d’œuvre. (Gebeka Films)
publié le 15 juin 2022 à 20h20

C’est en plein cagnard que l’on débarque à Annecy mardi midi, pour le Festival du film d’animation, à l’heure où, sur l’esplanade Paul-Grimault, des hordes d’étudiants en anim engloutissent des sandwichs suintants de mayo d’une chaîne industrielle à deux pas du centre Bonlieu où sont projetés les films en compétition. Dans la ville et aux abords du lac, une foule grouillante faite de gens du métier et de familles en claquettes à l’affût des projos en plein air pour les enfants, ambiance joyeusement potache dans les salles.

Le contraste est saisissant entre cette atmosphère-là et les trois films que l’on voit dans le courant de l’après-midi : enfants morts, grippe espagnole, mères éplorées, femmes suicidées, innocents trucidés, n’en jetez plus. Deux fois dix films sont en compétition, sélection «l’Officielle» d’un côté et «Contrechamp» de l’autre. C’est dans l’Officielle qu’on a pioché cette main – par ordre de visionnage : Interdit aux chiens et aux Italiens d’Alain Ughetto, Nayola de José Miguel Ribeiro et Charlotte d’Eric Warin et Tahir Rana. Trois entreprises monumentales, trois films-colosses qui s’emparent de morceaux de la grande Histoire, Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale, guerre civile en Angola, et dépeignent des familles fragmentées voire amputées par ces conflits. Et une question qui surgit au fil de l’après-midi et devient lancinante en fin de journée : pourquoi grince-t-on des dents avec Charlotte alors qu’on sanglote d