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Disparition

Avec la mort de Terence Davies, une page de la poésie du cinéma se tourne

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Le cinéaste britannique, à l’œuvre rare et sincère, a connu le succès critique à défaut du succès commercial. Il est mort samedi à 77 ans.
Terence Davies en 2016 à la Berlinale. (Axel Schmidt/AP)
publié le 8 octobre 2023 à 18h39

The Guardian avait beau le célébrer comme «le plus grand cinéaste britannique vivant», Terence Davies est resté une référence pour cinéphiles avertis, ceux-là voulant élargir leur horizon au-delà de Ken Loach. Sa productivité chiche (neuf longs métrages en quarante-sept ans de carrière) et son refus de tourner dans un cadre contemporain («être dans le passé me rassure parce que je comprends ce monde», disait-il) donnent l’illusion d’une bulle. Mais il faut louer son lyrisme à la fois éloquent et pudique, sa manière personnelle de transcender les cases thématiques habituelles – religion, classe ouvrière, aliénation, mémoire et enfance.

La biographie de Davies peut se lire à travers ses films : né en 1945 dans une famille nombreuse catholique à Liverpool, d’une mère dévote et d’un père violent, il commence sa vie professionnelle comme employé de bureau et comptable avant de bifurquer à 30 ans vers une école de théâtre – avec le secret espoir d’y déclamer Shakespeare, qu’il vénère. Il y écrit le scénario de Children (1976), premier volet d’une trilogie de courts métrages – complétée par Madonna and Child (1980) et Death and Transfiguration (1983) – où il raconte dans un beau noir et blanc la découverte de son homosexualité, sa culpabilité, son isolement et même sa future mort. La part autobiographique persiste ensuite dans ses longs Distant Voices, Still Lives (1988) et Une longue vie s’achève (1991), particulièrement notab