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Avec la réédition de ses films, Jean Eustache ressuscite l’admiration

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Solitude, humiliation, désamour… Plus de quarante ans après le suicide du cinéaste à la grâce punk, l’intégralité de son œuvre autobiographique est exhumée dans un coffret Blu-ray qu’on reçoit comme un trésor.
«Mes Petites Amoureuses» (1974) forme avec «la Maman et la Putain» et «Le père Noël a les yeux bleus» un triptyque autobiographique. (Pierre Zucca/Elite Films.Collection Christophel)
publié le 11 mai 2024 à 16h02

Avant de se tirer une balle en plein cœur, Jean Eustache (1938-1981) avait punaisé sur sa porte ce mot : «Frappez fort. Comme pour réveiller un mort.» Tel sourire triste qu’on s’adresse à soi-même avant de s’éclipser – le droit de s’en aller comme celui de se contredire ne devraient-ils pas être ajoutés à la Déclaration des droits de l’homme, lançait Alexandre-Jean-Pierre Léaud dans la Maman et la Putain ? Les proches, les amis étaient prévenus. Il allait falloir tambouriner pour pénétrer dans cette chambre envahie de cadavres de bouteilles, de cachetons, de béquilles et de cannes qui ne soutiendraient plus sa carcasse démantibulée après la mauvaise chute qu’il avait faite en Grèce quelques mois plus tôt, le laissant un peu plus dépressif et suicidaire qu’il ne l’était déjà. «Frappez fort» ? Il aura pourtant fallu attendre plus de quarante ans pour pénétrer son sanctuaire et réveiller le mort, quarante ans pour que son œuvre ensevelie sous les batailles d’ayants droit et longtemps dévolue à la clandestinité de copies médiocres, puisse enfin accéder à la lumière.

Joie infuse de tristesse

D’abord l’an dernier sur grand écran et désormais en vidéo grâce à la parution chez Carlotta d’un coffret Blu-ray inédit, réunissant l’intégralité de ses films (fictions courtes ou longues, documentaires, ovnis, essais