«Egregio maestro» : l’éminent Bernstein, comme le moquait un cruel Tom Wolfe dans un fameux portrait de groupe sur l’homme et sa classe, «Radical Chic». L’article, paru dans New York Magazine le 8 juin 1970, le croquait en col roulé, à l’âge de 51 ans, alors qu’il organisait avec son épouse, Felicia Bernstein, «beauté brunie» et voix de «Mary Astor», un gala de bienfaisance au profit des Black Panthers. Sous la plume volontiers réac de Wolfe, la scène de fête, ces sommités de la haute culture recevant dans leur penthouse de treize pièces sur Park Avenue les Panthers en pleins démêlés avec la justice, était une satire en soi, et le mot «maestro» un coup de cutter dans l’icône. Le même est choisi, étrangement, par Bradley Cooper et le scénariste Josh Singer pour ce film qui fait si peu de cas de son statut de prodige de l’art de son temps ; mais aussi qui refuse catégoriquement de s’en moquer, et le regarde rarement de face comme celui qu’il a été – un chef, une sommité, un membre de l’aristocratie culturelle américaine.
Si une chose d’ailleurs doit être dite du faux pif polémique que Cooper, sex-symbol mondial, se fait porter à lui-même pour se compliquer la tâche et la compliquer au spectateur (Est-ce un homme ? Est-ce une créature ?), c’est qu’il est beaucoup plus plausible filmé et vu de trois quarts ou de profil. Voilà un