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Documentaire

«Bande-son pour un coup d’Etat» sur Arte : l’Amérique vend son jazz au diable

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Dans un film rythmé, disponible sur Arte avant une sortie en salles, Johan Grimonprez raconte comment les Etats-Unis ont utilisé des musiciens pour servir leurs desseins géopolitiques et impérialistes.
Andrée Blouin (au centre), cheffe de protocole du Premier ministre congolais Patrice Lumumba, assassiné en 1961. (Terence Spencer/Popperfoto)
publié le 6 mars 2025 à 18h00

Il faut un moment pour s’habituer au tempo frénétique et au mitraillage de citations par quoi s’ouvre l’impressionnant Bande-son pour un coup d’Etat de Johan Grimonprez, qui dévoile un pan totalement méconnu des stratégies de soft power nord-américaines lors de la guerre froide. Le documentaire, nommé aux oscars, se penche sur l’improbable utilisation par les Etats-Unis du jazz, notamment grâce à l’envoi de musiciens, tels Louis Armstrong, en goguette dans le monde entier, pour tenter de séduire une opinion publique dont ils constataient, inquiets, qu’elle s’ouvrait dans les pays du futur «Sud global» aux sirènes de la décolonisation, du non-alignement, voire carrément du communisme. Une face «cool blue», bleue et cool, offerte aux USA alors même que la CIA œuvrait ici et là pour tenter, parfois très grossièrement, d’éliminer des leaders politiques (le docu recense au moins trois tentatives d’assassinat visant des Premiers ministres, le Chinois Zhou Enlai, le Cubain Fidel Castro et, avec le succès qu’on sait, le Congolais Patrice Lumumba).

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La conjonction improbable mais bien réelle de ces deux fils, l’impérialisme le plus cynique et le soft power le plus séduisant, fournit deux de ses nombreuses trames au film, touffu et rythmé, qui se penche plus précisément sur les manœuvres