Bellissima ! En français : «très beau», «magnifique» ? Non. «Plus que beau», disons. Un superlatif impossible à traduire, si ce n’est l’émotion qui déborde, une explosion faisant écho au sublime qui submerge, laisse pantois et chancelant. On connaît l’intrigue de Bellissima (1951) de Visconti, qui ressort en salle en version restaurée : une femme du peuple qui rêve de faire de sa fillette une star de cinéma, une petite Shirley Temple à l’italienne, et, pour lui offrir un avenir meilleur, ne ménage ni ses efforts ni ses économies, la traînant de casting en cours de danse, photographe, coiffeur jusqu’aux bouts d’essais dans une Cinecittà bourdonnante et implacable. Mais l’histoire secrète du film tient entier dans ce titre, Bellissima, soit la fascination exaltée d’un cinéaste, Visconti, pour son actrice, Anna Magnani (dans le rôle de Maddalena), l’admiration sans borne, la séduction dévorante qu’elle exerce à chacune de ses apparitions volcaniques.
Mais comment fait-on entrer une telle tornade dans le plan ? Etrangement en la faisant sortir. Magnani, c’est d’abord un corps qui, désemparé, s’extirpe de la marée humaine des femmes et leurs gamines se bousculant à l’entrée des studios pour le casting qu’organise le cinéaste Alessandro Blasetti (qui tient ici son propre rôle). Moulée dans un tailleur noir qui se détache de la blancheur écrasante du ciel et du décor