Bienvenue à Fårö, cette île suédoise qui à partir de 1965 (Persona) est devenue «l’île de Bergman», où il a vécu, tourné six de ses films, et qui, comme il est annoncé par une guide touristique dans le film de Mia Hansen-Løve, «ressemblait à ce qu’il avait à l’intérieur de lui». Au début de Bergman Island, Chris et Tony, un couple de cinéastes admiratifs du maestro suédois, font le voyage jusqu’à Fårö pour s’y installer le temps d’un été et travailler sur le scénario de leurs prochains films respectifs. S’attaquant à une telle statue du commandeur, dont les films se dressent dans l’histoire du cinéma aussi impressionnants que les rochers pointus des plages de l’île, Mia Hansen-Løve qui, on s’en doute, voue un amour sincère à l’œuvre d’Ingmar Bergman, ne verse pourtant pas dans l’hommage révérencieux ou le pastiche admiratif.
Au contraire, la première partie du film trouvera sa malice à plonger le couple dans tout le folklore bergmanien déployé sur l’île : après une séance dans la salle de projection où un fauteuil est réservé au fantôme du cinéaste (ils ont fini par opter pour Cris et chuchotements, dont ils sortent passablement déprimés), les voici à flâner dans le musée Bergman (Chris s’achète, par désœuvrement, les lunettes de Bibi Andersson en vente à la boutique), avant que Tony n’enchaîne sur le «safari Bergman» qui le trimballe en mini