Menu
Libération
Ressortie

«Bernie» de Richard Linklater : une très pelle âme

Article réservé aux abonnés
Inspirée d’un fait divers texan, la comédie noire, qui sort cette fois en salles, charme par son curieux personnage principal, affable meurtrier.
Jack Black en croque-mort et assassin courtois. (Van Redin/ExtraLucid Films)
publié le 7 janvier 2025 à 15h58

Curiosité enfouie dans la filmographie pléthorique de Richard Linklater, qui réalise près d’un film par an depuis le début des années 90, la petite comédie noire Bernie trouve, douze ans après une sortie française confidentielle en VOD, le chemin des salles. Derrière l’aimable sobriquet qui lui sert de titre se cache un authentique fait divers morbide, survenu en 1996 dans la bourgade texane de Carthage : le meurtre par un employé de pompes funèbres d’une veuve pleine aux as de deux fois son âge dont il était devenu l’ami intime. L’enquête fut vite réglée – à peine interrogé, Bernhardt «Bernie» Tiede avoua avoir abattu Marjorie Nugent puis caché son cadavre au congélo –, et c’est surtout le mystère de ce curieux personnage qui occupe Bernie et lui confère son ironie mordante : comment cet adorable bonhomme, célébrité locale louée pour sa gentillesse, peut-il aussi être un assassin ?

Homosexuel refoulé, businessman calculateur au sourire d’ange ou encore rapace charmant des épouses fortunées après avoir enterré leurs maris… Les théories ne manquent pas au sujet de Bernie, et Linklater se garde bien de trancher sur ce que cache le bon samaritain. Est-ce par pure sollicitude qu’il se rapproche de l’acariâtre veuve Nugent (Shirley MacLaine), ou avec un œil sur son magot ? Devine-t-on l’ombre d’une préméditatio