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Hommage

Bertrand Bonello : «C’est bouleversant ce qu’Alain Delon fait passer en quelques secondes dans “Un flic”»

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Après l’annonce de la mort d’Alain Delon ce dimanche 18 août, le réalisateur, scénariste et producteur Bertrand Bonello livre une séquence emblématique de ce que représentait l’acteur selon lui.

Alain Delon dans «Un flic» de Jean-Pierre Melville (1972). ( LES FILMS CORONA/Collection ChristopheL. AFP)
ParSandra Onana
Cheffe de service adjointe - Culture
Publié le 18/08/2024 à 17h56

«Je repense d’abord à cette phrase de [Jean-Luc] Godard, alors qu’il avait enchaîné Nouvelle Vague et Hélas pour moi, un chef-d’œuvre et un film bien raté. Il avait dit en promo de Hélas pour moi : “Alain Delon est un voyou, donc il a une parole, et Gérard Depardieu est un honnête homme donc il n’a pas de parole.” C’était entendable à l’époque, mais trente ans après, ça fait évidemment tiquer cette notion d’honnête homme, mais cette histoire de voyou et de parole me fait beaucoup penser à la fin d’Un flic, film mal aimé mais d’une beauté folle.

«D’abord parce que c’est évidemment la plus belle rencontre de Delon, le moment où un acteur trouve son cinéaste et [Jean-Pierre] Melville trouve son acteur. Il y a un enchaînement de deux scènes : la première où Delon va arrêter l’un des bandits dans la salle de bains, le trouve sur le point de suicider, et ferme la porte pour le laisser tranquille. On entend les coups de feu, il rouvre la porte pour voir le cadavre, et tout tient à la manière dont il joue ça : on n’intervient pas quand un homme se suicide, c’est un code d’honneur et de voyou assez prodigieux. L’instant d’après, il est dans la rue, un autre bandit fait un geste,