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Billet

Bertrand Tavernier et «nous» de l’autre côté du périph’

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Le cinéaste, mort ce jeudi, avait passé trois mois avec son fils à la rencontre des habitants de la cité des Grands-Pêchers, à Montreuil, en 1997. En est sorti un documentaire diffusé en avant-première au cinéma Georges-Méliès. Souvenir d’un ancien collégien du quartier.
Image extraite du documentaire «De l’autre côté du périph'» réalisé par Nils et Bertrand Tavernier en 1997. (Little Bear, France 2)
publié le 25 mars 2021 à 19h28

Printemps 1997 : une rumeur fuse dans la cité des Grands-Pêchers. Deux gars étranges se baladent avec une caméra. Le plus vieux a une tête de commissaire ; le plus jeune celle d’un policier en civil. Ils veulent tourner un documentaire «sur nous». On fait les gros yeux de l’étonnement. Un documentaire «sur nous» ? Ils se présentent : Bertrand et Nils Tavernier. Ces deux noms ne nous disent rien. Personne ne connaît le père ; encore moins le fils. Nous sommes à l’époque des bipeurs Tatoo et Tam-Tam. La magie de Google n’existe pas. Comment vérifier le curriculum vitæ des Tavernier ? Les cinéastes négocient avec les grands de la cité. Pas question de se laisser filmer sans rien dire. On les regarde tous, les documentaires sur les quartiers : des animaux en cage en seconde partie de soirée à la télé.

L’histoire a débuté un peu plus tôt. C’était en hiver. Des cinéastes se mobilisent contre une réforme du gouvernement et un ministre invite un contestataire à s’installer à Montreuil, au quartier des Grands-Pêchers, pour prouver aux rêveurs sa vérité : l’intégration est seulement un joli mot de gauche. Pourquoi lui ? Pourquoi «nous» ? Peu importe. Bertrand Tavernier a posé ses valises avec son fils pendant un trimestre. Le droitier Eric Raoult a fait naître une jolie petite histoire. Une sorte de boomerang qu’il se prend en pleine poire.

L’homme à lunettes et à la démarche lente

L’histoire débute lentement. La méfiance, forcément. Les Tavernier passent des heures entières dans la cité. Ils marchent, palabrent,