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Libération
Vu à Cannes

«Black Dog» réussit son paria

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Auréolé du prix Un certain regard à Cannes, le nouveau film du cinéaste chinois Guan Hu raconte avec habileté et justesse le lien entre un marginal et un chien dans l’ahurissant décor naturel du désert de Gobi.
«Black Dog» évite le thème gros sabots de l’animal comme allié symbolique. (The Seventh Art Pictures)
publié le 4 mars 2025 à 17h47

Variation sur un thème éprouvé : l’animal comme témoin silencieux de la prodigieuse connerie des hommes. Du cheval d’Aguirre (Werner Herzog, 1972), abandonné sur une berge et fixant ses maîtres en route vers leur perte, à la chienne Bella de N’attendez pas trop de la fin du monde (Radu Jude, 2023), spectatrice embarrassée d’un tournage concentrant toutes les défaites et ignominies de notre époque, jusqu’au prodigieux Flow (Gints Zilbalodis, 2024), où les animaux, débarrassés des êtres humains, doivent encore tenter de survivre dans le désastre et les ruines qu’ils leur ont laissés. Dans Black Dog, ils ne sont pas un mais toute une armée, dispersée, inquantifiable : des chiens qui errent en meute, abandonnés par leurs maîtres, dans une ville fantôme de l’ouest de la Chine, aux portes du désert de Gobi. Et dont on veut bientôt se débarrasser pour raser, reconstruire, relancer la machine. «Il faut abattre les chiens si on veut des usines», dit l’un des habita