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Libération
Critique

«Blue Sun Palace», âmes seules

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Autour des employées d’un salon de massage chinois dans le Queens, Constance Tsang signe un récit de deuil hypersensible et vaporeux.
Le film a été intégralement tourné en mandarin. (Nour Films)
publié le 11 mars 2025 à 23h26

Ça n’a l’air de rien comme ça. Une scène de dîner dans un restaurant, captée dans le temps long, presque embarrassé d’un plan-séquence, où deux amants se donnent la becquée en pouffant. Un réveil dans la lumière filtrée des stores où les mêmes se font des promesses à mi-voix. L’intimité de deux copines qui s’échangent des ragots à la pause déjeuner. Mais Constance Tsang parvient à gonfler ces scènes de toutes les dimensions et textures d’un cinéma hypersensible, réglant leur rythme amorti sur la vitalité de chaque personnage, nous les rendant proches sans trop venir déranger leurs secrets.

Didi, employée dans un salon de massage, fréquente un homme en cachette, immigré chinois comme elle, marié mais dont la femme est restée au pays. Elle vit avec ses collègues, qu’elle aime comme ses sœurs. Sa disparition brutale vient casser le film au premier tiers, quand une tragédie l’emporte et laisse sa meilleure amie, Amy, orpheline. Le bouquet de personnages se fane. Le film n’y laisse pas la douceur pastel de son trait, mais se fond dans la sidération de l’absence, au risque de s’y engourdir. Avec l’homme endeuillé qui continue de hanter le salon de massage, Amy cherche le mode de relation qui pourrait les consoler. Elle fréquente avec lui les lieux de son idylle avec Didi, trouvant un asile pour leur chagrin dans une salle de karaoké.

Au fait, ça se passe dans le Queens à New York. Une réalité urbaine éludée à l’écran, à peine soufflée par un ou deux échanges avec les clients américa