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«Bye bye Tibériade», maternel retour

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Après avoir arpenté l’histoire de sa famille paternelle dans «Leur Algérie», Lina Soualem s’attèle à l’autre versant en tissant un portrait riche et sensible de trois générations de femmes palestiniennes dont sa mère, l’actrice Hiam Abbass.
Avec la mère de la réalisatrice, Hiam Abbass, le film est généreux, comme une offrande. (Frida Marzouk /JHR films)
publié le 20 février 2024 à 16h14

On n’a pas oublié, dans Leur Algérie, les fous rires d’Aïcha, la grand-mère de la cinéaste, au moment de raconter sa vie intime : ses fous rires de gêne et de joie, de douleur et de liberté, à l’heure de sa révolte. Après avoir arpenté l’histoire de sa famille paternelle, entre le pays natal et Thiers, la ville des couteaux, Lina Soualem fait aujourd’hui un film du côté de sa mère. Et s’il ne s’agit de nulle autre que la grande actrice palestinienne Hiam Abbass, Bye bye Tibériade fait plus que son portrait, ou le récit de son parcours. Les images de sa famille et celles de l’histoire laissent Lina Soualem nous raconter trois générations (quatre, avec la sienne) de femmes de sa famille, les femmes palestiniennes de Galilée – et avec leurs histoires, celles de leurs espoirs, de leurs peines, de leurs liens et éloignements, aussi l’histoire de leurs lieux, disparus, remplacés ou sous contrôle, et celle de leur peuple, opprimé.

Hiam Abbass est née à Deir Hanna, village arabe de Galilée intégré au territoire israélien, mais sa famille venait de Tibériade, pas très loin, ville au bord du lac du même nom, son eau scintillante baigne le film, dont la population palestinienne a été expulsée en 1948. Le film nous montre que leur maison, près de la grande mosquée qui subsiste, a été rasée en même temps que le reste de la vieil